Loge dans la Sofiensaal, Josef Engelhart

BELLE EPOQUE ET ANNÉES FOLLES

Début des années 20, Juan-les-Pins est le nouvel eldorado d’une jeunesse américaine fortunée, les Fitzgerald en tête. La saison d’été devient branchée, les parasols poussent sur le sable et les soirées chaudes réveillent la station. Les années folles sont là, leurs célébrités fantasques aussi. Flashback d’une époque qui a marqué la ville et dont l’architecture porte encore aujourd’hui la trace. Suivez le guide !

Au sortir de la grande guerre, l’insouciance renaît et avec elle une furieuse rage de vivre. Un peu partout les GI ont laissé leur jazz et les dancings s’affolent sous les jupes des femmes devenues aussi courtes que leurs cheveux. Prisée en hiver mais délaissée l’été, la station de Juan-les-pins voit pourtant déferler sous ses 30° à l’ombre une vague de légèreté et d’optimisme portée par les américains fuyant la prohibition. Ils sont jeunes, riches, beaux, ils s’appellent Fitzgerald, Dos Passos, Hemingway, Gertrude Stein, Murphy, Gould. Avec eux naissent les bains de mer et de soleil, les pique-niques sur le sable, la nuit concurrence le jour à coup de soirées encanaillées et du champagne à flots. Sous leur impulsion, la station devient le rendez-vous branché des mondains, artistes et intellectuels de l’époque. Les Murphy sont les premiers à faire de Juan-les-Pins leur siège d’été. Débarqué en 1922 avec femme et enfants, Gerald Murphy, hédoniste convaincu, se met en tête de construire ici sa maison du bonheur, ça sera la villa America. Dans le voisinage il y a Scott Fitzgerald et son extravagante Zelda à la Villa Saint-Louis où l’auteur écrira « Tendre est la nuit » et trouvera l’inspiration pour « Gatsby le magnifique », Hemingway à la Villa Paquita, les Gould à la Villa La Vigie. Avec les Fitzgerald c’est la démesure la plus sulfureuse, les nuits d’ivresse au casino à danser sur les tables, les billets de banque en guise de cotillons. Les Gould, héritiers de la compagnie américaine des chemins de fer, ont le sens des affaires. Ils investissent dans les murs du casino qui verra défiler Cole Porter, Mistinguett, Maurice Chevalier. Ils font aménager la pinède en face de leur domaine, font bâtir en 1926 l’hôtel le Provençal qui deviendra avec ses 290 chambres le plus grand palace de la Côte d’Azur. Tout le gotha des années 20 y séjourne, d’André Gide à Cocteau en passant par Chaplin et Estée Lauder. A cette époque les accords des big bands résonnent jusqu’au bout de la nuit, les jazzmen ont trouvé leur résidence, Juan-les-Pins s’affole sur le Charleston. Mais l’ombre du krach financier plane déjà, prêt à emporter avec lui les frasques des années d’insouciance. Ruinés, les américains quittent la station.

Pourtant aujourd’hui, la ville porte encore en elle les traces de cette époque. Il suffit de lever les yeux pour admirer un peu partout les façades Art Déco. La Villa Saint Louis est devenue l’Hôtel Belles Rives restauré dans le pur style des années 30. Ses murs sont imprégnés des volutes de fumée des longues cigarettes et l’esprit de Fitzgerald s’y promène toujours. Pour remonter le temps, promenez vous ensuite dans le square Sydney Bechet, admirez la villa « Holiday » dans laquelle Picasso est venu passer l’été 1936 puis la pinède Gould. L’office de tourisme de Juan-les-Pins propose un tour guidé à travers les vestiges de cette époque. Repu d’histoire, nous vous invitons ensuite à vous détendre autour d’un verre au salon Best Western Hôtel Astoria.

 

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